ARTICLE SUD OUEST du 4 août 2001

Bègles, l’homme qui ressuscite le passé

Installé dans le quartier du Prêche, Christophe Desbordes redonne une âme à des meubles précieux, pour la plupart signés par des ébénistes célèbres. Un métier qui nécessite adresse et astuce.

Par Dominique Manenc

A deux pas du lieu où fut érigé le temple protestant, détruit lors de la révocation de Nantes, et face au massif où s’épanouit l’arbre de la Liberté, planté par le maire lors de la célébration du bicentenaire, la boutique se veut discrète. L’enseigne s’est fondue dans le paysage local jusqu’à aller emprunter le nom de la place et du quartier : “Le Prêche”. C’est ici que Christophe Desbordes a un jour posé ses outils d’ébéniste pour ouvrir son atelier de restauration : “Je suis bordelais et c’est le hasard qui m’a emmené à Bègles à l’époque où je cherchais un local et une maison. C’était il y a douze ans. Je suis tombé sur cette ancienne supérette et j’ai mis six ans à tout réaménager. Aujourd’hui, je suis installé à mon compte.”

Depuis tout petit, Christophe rêvait de travailler le bois. Il a fait son apprentissage aux Chartrons, chez M.Tardieu, et menait parallèlement ses études pour décrocher son diplôme. “Puis, j’ai trouvé une place comme salarié chez un artisan de Bordeaux et un autres à Saint-André-de-Cubzac. J’aurais aimé me spécialiser dans le lutherie, mais le créneau est encombré car le travail est rare. Mais il faut aussi de la ténacité pour se lancer dans l’ébénisterie et pour arriver à en vivre.”

300 heures pour un scriban hollandais

L’expérience acquise chez des professionels lui a permis de se faire connaître : “Dans ce métier, c’est le bouche-à-oreille qui fait la clientèle. J’ai un peu galéré mais aujourd’hui, les meubles me sont confiés par des particuliers de l’agglomération et aussi de la région.”

M.Bertrand, l’autre ébéniste de la commune vient de prendre sa retraite. Christophe Desbordes est, à 37 ans, le seul artisan béglais à redonner vie à des objets précieux qui ont tous une histoire : “Il m’arrive de réaliser un meuble neuf sur mesure, mais cela reste rare car le prix de revient est très élevé et la concurrence industrielle est là. Je préfère remettre en état des pièces de prix, qui sont la plupart du temps signées.”

Christophe Desbordes connaît les styles sur le bout du doigt et sait parfaitement déceler le crai du faux : “On le voit à la façon dont l’objet à été fabriqué.” Dans un album, il a collé les clichés de ses travaux finis : on voit l’avant et l’après. Le résultat est époustouflant : “J’ai mis 300 heures pour refaire la marqueterie de ce scriban hollandais. C’est une pièce unique et j’ai eu beaucoup de mal à trouver de l’acajou de Cuba. Par bonheur, un collègue en avait un petit stock !”

En écaille de tortue

La restauration du placage d’un secrétaire estampillé XVIIIè a coûté 20 000 francs à son heureux propriétaire. Celui de ce meuble d’appoint Napoléon III a dû sûrement débourser davantage pour la remise en état de la marqueterie en laiton et en écaille de tortue teintée : “C’est un matériau extrêmement rare et il faut une autorisation du ministère de l’environnement pour s’en procurer. Un ébéniste m’a dépanné. On trouve toujours une solution !”

Le catalogue décline ses merveilles, comme cette table à jeu, aussi en écaille de tortue, signée de Boulle, ou cette coiffeuse fabriquée par Hache, un ébéniste de l’époque de Louis XVI. “Je ne m’éparpille pas et ne fais qu’un meuble à la fois. Si la commande est urgente, j’y passe aussi des nuits. Et la plus belle des récompenses est de contempler le travail achevé,”, explique l’ébéniste, qui s’amuse beaucoup de la manie de certains fabricants appliqués à reproduire les trous qui attestent des passages des vers…sur des copies modernes !

Christophe Desbordes s’apprête à fermer quelques jours…pour effectuer quelques réparations dans sa maison. Les vacances seront courtes car les clients sont là : “J’espère continuer pendant longtemps”, dit-il…en touchant du bois.

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ARTICLE MAISON ET JARDIN  

Octobre 2017

L’ébéniste de Bègles, la restauration de meubles anciens

Création et restauration de meubles anciens de tous styles sont le quotidien de Christophe Desbordes au sein de son atelier, l’Ebénisterie du Prêche.

Non loin de la mairie de Bègles (Gironde), se dresse l’Ebénisterie du Prêche, l’atelier de restauration de meubles anciens et d’objets d’art de Christophe Desbordes. C’est en 1996 que l’artisan ébéniste en a ouvert les portes. L’aboutissement logique d’un parcours sans faute qui l’a doté d’un éventail de compétences qu’ils sont bien peu nombreux à pouvoir lui disputer.

C’est donc doté d’une rare habileté fruit d’une solide expérience professionnelle de plus de 30 ans dans son domaine que Christophe Desbordes aborde toutes ses missions, et en premier lieu : redonner vie aux meubles (de toutes les époques) qui lui sont confiés. Qu’ils soient usés par le temps, décollés, victimes de parasites, dégradés suite à un incendie ou à un dégât des eaux, notre saura, sans coup férir, leur faire retrouver tout leur lustre d’antan.

Et ce n’est pas son seul talent. Doté d’une palette impressionnante, Christophe Desbordes effectue tous types de travaux en ébénisterie qu’il s’agisse de meubles massifs, plaqués et marquetés avec finitions traditionnelles, rempli ciré, vernis tampon et objets en bois. Sur son site internet, on peut d’ailleurs admirer admirablement les différentes étapes de la restauration d’un meuble Boulle (marqueterie laiton écaille de tortue).

Fabrication

Mais l’artisan ébéniste est également un créateur. La conception et fabrication de meubles n’ont, bien sûr, aucun secret pour lui tout comme le sur-mesure. “Apportez-moi votre idée et je lui donnerai vie dans des matériaux divers”, explique Christophe Desbordes. Ce dernier s’est, dernièrement, spécialisé dans l’exécution de petits meubles (comme un meuble pour imprimante). Pour autant, il continue à répondre à toutes les demandes, en témoigne la fabrication d’une splendide bibliothèque, qui pourrait embellir toutes sortes d’intérieur.

Composée de particuliers, la clientèle de Christophe Desbordes est principalement régionale. Ouvert à toutes les suggestions, à toutes les envies, à tous les besoins en matière d’ébénisterie, ce dernier se fait également un point d’honneur à rester abordable. “Mes travaux conviennent à tous les budgets”, tient-il à rappeler.

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